Ce cahier a été publié en 2018.

Commandez

Sommaire

• Préambule par Geneviève Nakach
• La crise de la pensée contemporaine et les intellectuels français par Jean Malaquais
• Procédure par défaut par Jean Malaquais
• La représentation de l’étranger dans les deux romans du monde prolétarien des années 1930 (3e partie) par Victoria Pleuchot

Avant-propos

Nous publions deux textes de Malaquais inédits en France : « La crise de la pensée contemporaine et les intellectuels français » et « Procédure par défaut ».

Le premier texte, rédigé en français par Jean Malaquais, parut dans la version espagnole traduite par ses soins sous le titre « La crisis del pensamiento contemporaneo y los intelectuales franceses » dans la revue Cuadernos americanos n°4, vol. X, en juillet-août 1943 à Mexico, p.29-58. Après avoir transité par le Venezuela, Malaquais s’était réfugié au Mexique. Il y débarqua le 9 mars 1943 avec sa compagne Galy[1]. Leur séjour dura deux ans et demi. Malaquais entra très vite en contact avec les intellectuels et artistes qui, comme lui, avaient dû fuir l’Europe. Il côtoya Victor Serge, Jules Romains, Paul Rivet, Benjamin Péret, Pierre Mabille, Marceau Pivert, José Bergamin. Au cours de cette période, il travailla dans de nombreuses directions ; il continua notamment la rédaction de Planète sans visa. Il était à l’affût de toutes les nouvelles venant du continent européen et se préoccupait du déroulement de la guerre et de l’avenir du monde. Le texte que nous publions dans ce numéro montre ces deux aspects : d’une part, les conceptions littéraires chères à Malaquais et de l’autre une exposition très détaillée des courants littéraires européens ; en particulier, une attention portée à l’évolution politique des intellectuels français vis-à-vis de l’Occupation.

Sa très bonne connaissance du milieu intellectuel lui permet des jugements souvent assez sûrs et révèlent sa perspicacité. Mais son éloignement géographique l’amène aussi, comme vous pourrez le constater, à des jugements et des évaluations parfois contestables, voire erronés.

Ceci dit, on comprend que Malaquais ait présenté cette étude à Gide comme un texte important ; il écrit dans une lettre qu’il lui adresse le 14 juillet 1943 : « Ce mois-ci vient de paraître dans une importante revue mexicaine, Cuadernos americanos, un long essai que j’ai écrit ici, sur la crise de la pensée contemporaine et les intellectuels français ».

Ce texte n’est pas seulement une étude du passé, il reste d’une brûlante actualité. D’ailleurs, deux idées résonnent avec beaucoup d’intensité à nos oreilles : le spectacle négatif d’une société dont le désespoir s’empare et à l’inverse la confiance dans l’humanité et dans ses productions artistiques pour vaincre cette régression.

Nous donnons à la suite le texte que Malaquais avait préparé pour répondre à une enquête du Figaro sur la créativité littéraire, texte qu’il évoque dans « La crise de la pensée contemporaine ». Comme vous le verrez, il s’agit d’un véritable « art romanesque » – comme on parle d’un « art poétique ». On y voit l’artisan Malaquais animer ses personnages à la pointe de sa plume, chaque jour devant sa table, comme le menuisier devant son établi. Puis, on passe à une tout autre dimension, historique, où Malaquais nous parle de l’air du temps et exprime à nouveau sa farouche volonté d’indépendance, son besoin de secouer les chaînes des écoles et des romans à thèse.

Suit la troisième et dernière partie du mémoire de master de Victoria Pleuchot, adhérente de notre Société. Présentée sous le titre « La Représentation de l’étranger dans deux romans du monde prolétarien des années 1930 », cette recherche, comme je l’écrivais dans la précédente livraison « compare deux romans, Les Javanais de Jean Malaquais et Jews Without Money de l’écrivain américain Michael Gold (1894 -1967) en interrogeant la notion de l’étranger à travers les prismes de l’identité et de l’altérité. Nous remercions encore Victoria pour avoir dédié son travail à notre Société et à sa Présidente. »

Bonne lecture à tous et à bientôt !

Geneviève Nakach

[1] Yurkevitch Galina (1915 – 1969), dite Galy, artiste peintre d’origine russe, compagne de Jean Malaquais de 1935 à 1960.